Le G.Fast normalisé, problèmes de concurrence en perspective ?

Aujourd’hui Silicon.fr m’apprend que le G.Fast vient d’être normalisé par l’ITU. Pour rappel cette norme permet d’apporter un débit descendant d’environ un gigabit par seconde en utilisant une paire de cuivre sur les derniers mètres. Le réseau de distribution d’Orange étant de bonne qualité sur notre territoire, cela pourrait permettre aux opérateurs de proposer du très haut débit (débit descendant >= 30Mbps) en déployant de la fibre optique sur la partie amont du réseau sans avoir à rentrer dans les logements. Or c’est bien cette dernière étape qui est la plus longue et la plus coûteuse.

Quel sera l’impact réel de cette normalisation. En France, les opérateurs ne peuvent utiliser des technologies sur la boucle locale d’Orange qu’après autorisation du comité d’experts cuivre de l’ARCEP. Cette étude vise notamment à s’assurer que les signaux générés par les nouvelles technologies n’ont pas d’impacts négatif sur les lignes voisines. Dans le cas de VDSL2, il a fallu presque dix ans entre sa normalisation et l’autorisation d’exploitation par les FAI français. Pourquoi ? Je ne sais pas. La concurrence avec les réseaux fibrés pose peut-être des questions plus politiques.

Imaginons que l’ARCEP donne son accord et que des FAI soient intéressés. Ceux-ci doivent donc déployer de la fibre au plus près des logements pour ensuite installer un convertisseur opto-électrique à moins de 250 mètres (où le débit descendant chute à 150 Mbps) de la prise téléphonique des futurs abonnés. En admettant que ces convertisseurs soient fiables, durables et alimentés électriquement par le modem de l’abonné, la robustesse du réseau ne devrait pas trop en souffrir. Ma grosse interrogation concerne la concurrence entre opérateurs.

Si pour un même logement, tous les opérateurs ne disposent pas de fibres optiques dans le quartier, seulement certains pourront proposer du G.Fast. Lors d’un changement d’opérateur il faudra donc potentiellement déplacer un technicien pour rebrasser la ligne cuivre sur la collecte cuivre au point de distribution, ce qui semble très couteux. Pour éviter ce problème, on pourrait demander à Orange de mettre à disposition son réseau fibre pour le G.Fast. Se posent alors deux autres problèmes :

  • par soucis de place dans ses fourreaux et dans les NRO mais aussi par économie d’électricité(puissance des lasers) et de fibre, Orange a décidé de déployer du GPON. Chaque fibre est donc mutualisée (pour au plus 64 abonnés) en amont du point de mutualisation. Si le GFast utilise son réseau fibre, il ne sera plus possible pour les autres opérateurs de dégrouper physiquement les lignes, sauf à déployer leur réseau jusqu’au PM. Or on l’a bien vu lors de la règlementation du FTTH, l’accès à un support physique non mutualisé est une condition nécessaire à la concurrence saine entre opérateurs.
  • pour imposer aux opérateurs tiers d’utiliser la fibre Orange en amont du point de distribution, l’accès à l’ensemble de cette boucle local ne doit pas leur coûter plus cher qu’actuellement. Cela revient donc à imposer qu’Orange finance la fibre au prix de la maintenance de la boucle cuivre… alors que dans le modèle actuel Orange peut potentiellement facturer l’accès à sa boucle locale fibre bien plus cher.

Ce problème de concurrence risque d’apparaitre même sans le G.Fast : Orange a indiqué ne plus installer de ligne de cuivre dans les immeubles neufs désservis par son réseau fibre… même si ses concurrents n’en ont pas. Ce n’est que le début de la très lente extinction cuivre qui sera impactée par les recommandations de la mission Champsaur.

Je en sais pas exactement comment ni quand sera réellement utilisé le GFast sur nos lignes. Pour le moment le marché doit composer avec la fusion Numéricable/SFR/VirginMobile, un possible dégroupage du réseau FTTLA (fibre/coaxial sur un arbre DOCSIS 3.0) de Numéricable et un redécoupage des cartes de déploiement fibre entre Orange et NC-SFR.

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