Pourquoi Orange limite « l’innovation »

Un de mes amis a récemment décidé de quitter les USA et de revenir en France pour devenir entrepreneur. Le voilà donc en quête d’une opportunité de profit Schumpetérienne. Il s’applique à trouver une idée sympa à développer s’appuyant sur un modèle d’affaire a priori crédible.

Pouvoir encapaciter (empower) le citoyen numérique

J’ai souvent dit que je ne voulais pas « monter ma start-up » juste par principe ou parce que c’est à la mode mais que si un jour je trouvais un besoin à satisfaire intéressant, je pourrais franchir le pas. Je n’ai pas trouvé de modèle d’affaire miracle mais le besoin est là : livrer clé en main à ceux qui souhaitent reprendre en main leur vie privée numérique un serveur personnel… sur lequel on pourrait aussi héberger ses proches.

Ces dernières années, l’affaire Snowden aidant, de nouvelles briques user-friendly se développent : le RaspberryPi2 pour le matériel, Yunohost pour l’administration système, Let’sEncrypt pour la gestion des certificats,  CaliOpen pour les échanges inter-personnels, Owncloud pour l’intégration de services ou CozyCloud pour la standardisation et l’architecture, Tahoe-LAFS pour la sauvegarde distribuée en P2P, etc. Bon il manque encore des choses, notamment en terme de redondance simple, dynamique et décentralisée mais ça avance.

Cependant, la réservation d’un nom de domaine, la configuration de la zone DNS (ou le paramétrage du GlueRegistry) et le paramétrage en local nécessitent toujours des connaissances avancées et du temps. En dehors de tout support ou toute formation additionnels, ces tâches devraient être automatisées. Bonne nouvelle : moyennant la prise en main de quelques API et beaucoup de travail, c’est possible…

… mais pas chez Orange

Là où ses concurrents proposent de l’IPv4 fixe sur de l’ADSL dégroupée, du reverse DNS, du NAT-Hairpinning/NAT-LoopBack et l’ouverture du port 25… Avec la moitié des parts de marché, le premier vendeur de Minitel haute définition français saperait le projet. À quoi bon proposer une alternative à Gmail si c’est pour passer par un relai SMTP Orange ?

Serait-ce trop demander que cette entreprise, un quart publique, devienne enfin un fournisseur d’accès à internet et fournisse les quelques services techniques qui lui incombent avant de distribuer du contenu et de se sucrer sur le dos de la neutralité des réseaux ? Serait-ce trop complexe de payer un ou deux commerciaux en moins et de faire un portail correct, simple avec les basiques d’un opérateur de réseau ? Avoir de la fibre optique dans mon salon uniquement pour pomper (et se faire pomper le portefeuille) plus vite sur OCS, Deezer et DailyMotion, non merci…

Faites votre boulot : fournissez de l’Internet !