Quoi de révolutionnaire pour la 4G ?

Voici mon premier billet. Je ne sais pas trop si mon petit avis personnel de jeune geek intéressera quelqu’un mais rédiger m’aidera à organiser mes idées.

Je vais commencer par une rêverie inspirée par l’intervention de Xavier Niel sur Europe1 avant hier. L’actionnaire majoritaire du groupe Illiad annonçait en fin d’interview « On va laisser nos petits amis annoncer des choses qu’ils n’ont pas. La 4G, si on va essayer de faire une surprise un jour…Quelque chose de révolutionnaire. »

Qu’est ce que pourrait être cette « révolution » dans mes rêves les plus fous ?

Le contexte

La « 4G » est un terme purement commercial contesté. Il correspond aujourd’hui à la technologie LTE. La petite révolution de cette technologie est que nos terminaux seront connecté directement à un réseau de commutation par paquets. C’est une technologie dite « tout-IP », c’est à dire qu’un smartphone connecté à un réseau LTE sera vu comme n’importe quel autre ordinateur du réseaux de l’opérateur et par extension d’internet. Les communications voix passeront elles aussi par la connectivité data (avec un peu de QOS probablement). L’émergence de l’IPv6 fait que nous seront à moyen ou long termes tous connectés par connexion sécurisée (IPsec) et mobile.

Dans ce contexte comment Free pourrait-t-il de nouveau tout chambouler ? Free est l’opérateur français le plus proche d’une logique de FAI. Les autres gros acteurs commerciaux sensés fournir un accès internet se rapprochent plus des ancestraux d’opérateurs télécom. Comprenez que Xavier Niel a débuté comme fournisseur de contenu sur le Minitel avant de devenir opérateur internet. Cette société n’a pas vraiment la culture de la fourniture de réseau « old-school » s’appuyant exclusivement sur la taxation à la minute de tout ce qui passe sur son réseau (communication Minitel, audiotel et surtout… terminaison d’appel).

Une ligne mobile, un compte VOIP ouvert

Pour déstabiliser ses concurrents et faire plaisir au consommateur, Free pourrait systématiquement proposer à ses abonnés mobiles un compte voix sur IP ou VoIP (protocoles SIP, Jingle/XMPP… ou encore bien mieux WebRTC) de manière qui suit :

  • à la création de la ligne (ou au portage), en plus des opérations habituelles, Free enregistrerait le numéro de téléphone national (obéissant à la norme internationale E164) dans la branche DNS e164.arpa (permettant de retrouver grâce au mécanisme ENUM un compte VoIP à partir d’un numéro de téléphone E164)
  • permettre à l’abonner de modifier quand il le souhaite cette entrée DNS pour associer son numéro E164 au serveur VoIP qu’il souhaite ou bien revenir sur le compte VoIP Free
  • l’abonner peut utiliser ce compte VoIP pour appeler (gratuitement évidement) tout autre compte VoIP ou bien pour appeler un numéro classique (à la norme E164) selon la tarification habituelle des forfait actuels
  • il est possible de rediger de faire un renvoi d’appel(inconditionnel, sur non réponse…) de ce compte VoIP vers n’importe quel numéro ou autre compte VoIP
  • lorsque l’utilisateur sélectionne un contact dans le répertoire de l’application d’appel de son smartphone, cette application interroger(automatiquement, de manière transparente pour l’utilisateur) le DNS correspondant au numéro E164. Il essaye de contacter le compte VoIP (si un compte SIP est déclaré). Sinon il compose le numéro E164 du destinataire.
  • l’application FreeConfig propose automatiquement de désactiver les renvoie d’appel du compte VoIP lorsque l’utilisateur se trouve en roaming international (afin d’éviter les surcoût du au renvoie du compte VoIP vers le numéro E164 en itinérance)

Ce processus parait peut-être un peu complexe a priori mais il garantirait un passage en douceur d’un système de « telecom » ayant une tarification injustifiée et surtout illisible à une logique de FAI. Ces différents points garantiraient une transparence totale pour les utilisateurs novices et une possibilité de personnalisation pour les technophiles.

Ainsi un grand pas serait franchi : le consommateur n’achèterait plus un forfait telecom ultra complexe à comparer mais une segmentation simple du marché :

  • quelle technologie je peux utiliser ? : LTE, LTE-A, Wimax… et futures dénominations 5G, 6G, 7G…
  • à quel fair-use j’ai accès ?
  • quel est le tarif data hors forfait ou en roaming (plafonné par l’UE)

Évidement les réseaux(et les différents intermédiaires techniques) sont supposés neutres. Ainsi la seule manière d’augmenter l’ARPU(revenu moyen par abonné) pour les opérateurs serait d’apporter des innovation techniques (nouvelle techno de réseau, EAP-SIM…) ou des services commerciaux supplémentaires à la manière de ce qui est fait dans l’ADSL (téléphone, TV, chaînes payantes, VOD, jeux ou domotique). Les partenariats commerciaux avec des fournisseurs de contenu supposent bien entendu que la consultation de ces contenu est décomptée du fair-use de la même manière que tout autre contenu. De la même manière, il faudrait faire attention à ne pas avoir d’exclusivité du contenu, et donc de distorsion de concurrence, comme on a pu voir avec OrangeCinema.

Même pas cap !

Je pense que ce genre de déstabilisation technique du marché aurait pu intervenir il y a quelques années. Même si j’aimerais aujourd’hui que Xavier Niel et ses équipes lancent un tel projet, cela me semble difficile. Premièrement, il serait le premier à perdre la terminaison d’appel, ce qui lui rapporte beaucoup. Les autres opérateurs ne joueraient probablement pas le jeu et ne permettraient pas à leurs abonnés de disposer aussi facilement d’un compte SIP sur lequel les utilisateurs pourraient être appelés. L’illimité voix sur le territoire national devenant la règles dans les forfaits grands public, seuls les abonnés voyageant beaucoup seraient intéressés… or ceux-ci utilisent probablement déjà de la VOIP de type skype. D’autre part, il n’est pas certain que le coût data d’une conversation en roaming soit beaucoup moins chère que les demies-terminaisons d’appel actuellement facturées.

Sur le plan technique quelque obstacles peuvent apparaître : quid du handover(changement de cellule sans couper la conversation) avec une technologie non édictée par le consortium normalisant le LTE ?

Deuxièmement parce que la mentalité geek de Free n’est plus ce qu’elle était. Mise à part une innovation commerciale (appels illimités vers les mobiles), la Freebox Révolution n’a pas révolutionné grand chose. La seule innovation technique importante était le NAS. Pour le reste Free s’est calé sur une logique de faire du produit Apple-like (haut de gamme et très marketés) peu chers. Par exemple faire appel à Philippe Stark ou faire des pubs toutes plus lisses les unes que les autres nous change de ce qui se faisait à la belle époque. Je pense que ce changement profond de mentalité date de 2006, année à partir de laquelle le POP FreeIX refusa tout nouvel entrant…